Paysage Du déchet au sol fertile pour végétaliser la ville
Plante & Cité organise le 23 mars, à Paris, une journée de restitution du programme Siterre.
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Chaque année, plus de trois millions de mètres cubes de terre végétale et de granulats sont importés en ville pour la réussite des aménagements d'espaces publics. Ces matières premières non renouvelables représentent des coûts écono-miques et environnementaux croissants du fait de l'éloignement des gisements. Dans le même temps, des milliers de tonnes de matériaux issus de l'activité urbaine potentiellement recyclables sont exportées et stockés hors des agglomérations. Le programme Siterre (2010-2015) a étudié la possibilité d'utiliser ces matériaux en substitution de la terre végétale et des granulats de carrière pour la végétalisation.
Durant cinq ans, l'équipe de recherche du programme Siterre, composée de dix partenaires recherche et entreprises, avec le soutien financier de l'Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie (Ademe), a mis au point une méthodologie scientifique de construction de sols fertiles s'appuyant sur de nombreux domaines d'expertise : géologie, physique des sols, chimie, écotoxicologie, pédologie et rudologie. Ces travaux font l'objet d'un ouvrage intitulé Créer des sols fertiles : du déchet à la végétalisation urbaine (Éd. Le Moniteur, 336 pages) et seront présentés le jeudi 23 mars, à Paris, lors d'un colloque de restitution du centre technique Plante & Cité, coordinateur du programme (www.plante-et-cite.fr).
Diversité de produits recyclables
Les travaux ont permis d'identifier et de caractériser onze matériaux représentant le plus fort potentiel au regard du volume des gisements nationaux, de leur qualité et de leur innocuité : déchets verts broyés, déchets de balayage de rues, boues papetières, boues de stations d'épuration, co-compost de déchets verts et boues de stations d'épuration, terres de déblais excavées non contaminées, écarts de fabrication de briques, béton concassé, ballasts usagés de chemins de fer, déchets de déconstruction de bâtiments.
Pour concevoir un sol à partir de ces matériaux, il faut d'abord définir les propriétés attendues de ses horizons. Pour les constituer, différents mélanges aux propriétés optimales sont déterminés grâce à la modélisation. Il est possible de planter des végétaux dans ces sols dès leur mise en oeuvre à condition de suivre un protocole précis et de faire appel à des professionnels. Une pédogénèse précoce a pu être mise en évidence dès les premiers mois. Bien que des caractérisations complémentaires soient nécessaires, ces sols ne présentent pas de risque majeur pour la santé humaine ou l'environnement. Une étude économique met en exergue des coûts de mise en oeuvre potentiellement compétitifs à très compétitifs en comparaison avec les pratiques actuelles.
La mise en place de sites pilotes au sein d'opérations réelles d'aménagements est une des perspectives du projet. Le programme a aussi identifié le caractère insuffisant de l'encadrement réglementaire de l'emploi de matériaux recyclés dans la construction de sol. Ce cadre réglementaire nécessite d'être précisé rapidement, compte tenu des enjeux soulevés.
Valérie Vidril
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